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Les chats du kibou

5 août 2010

Et puis ensuite...

     Et puis ensuite, la vie reprit son cours, et je ne sus même pas si Mam'Lala fut mise au courant.
     Mais après tout, ce qui m'importait, c'était surtout que ces chats arrêtent de voler du fric dans mon porte monnaie pour s'acheter de la sauce poisson ou de surfer sur internet pour commander des canapés les plus confortables possibles ou des écrans plats pour regarder en grand des bêtisiers plein d'animaux qui se cassent la gueule dans des aquariums(allez expliquer au banquier que c'est les chats qui font les cons avec mon compte!)

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5 août 2010

Le Grand Chat Gris

     Elle avait besoin de me dire qu'elle n'avait plus envie de chercher ce vieux chat, étant donné tout ce que cela impliquait. Elle voulait juste rentrer à la maison, au chaud, manger du thon (ben tiens!) et reprendre sa petite vie. "Oui, mais... Mam'Lala? Que lui dirais tu?". Starshine ne répondit pas. Bien sûr. Elle ne pouvait pas avoir préparé de réponse. Je le savais bien, qu'ils ne rentreraient pas tout de suite.

     Et c'est ce qui se passa, ils voyagèrent, prirent l'avion... puis le bateau. Ils cherchèrent, fouillèrent toutes les poubelles des quartiers mal famés, ils interrogèrent tous les baroudeurs de Singapour, mais aussi les profs de plongée qui croisaient beaucoup de monde et qui avaient vent de nombreuses rumeurs (et qui les répandaient...), les gamins qui mendiaient sur le port, les propriétaires de gargotes. Mais c'était à croire que personne n'avait jamais entendu parler de lui. 

      Pourtant, il devait bien y avoir une personne qui savait: le journaliste qui avait écrit un papier qu'un gamin avait soigneusement consigné. Starshine et Casse Casse se rendirent à la rédaction et furent assez satisfaits de ce qu'ils y trouvèrent. Non pas que le journaliste qu'ils cherchaient s'y trouvait, mais l'ambiance ne pouvait que leur plaire: des papiers partout, des boîtes empilées, des meubles poussiéreux (ils me diront plus tard qu'ils se seraient cru à la maison, mais je ne comprends toujours pas le rapport). Casse Casse commençait à fouiller dans des tiroirs qui sentaient le vieux saucisson lorsque quelqu'un les reçut.   

      Il s'agissait d'un très vieil homme qui travaillait dans les bureaux du journal, traînant son balai derrière lui, voûté, les lunettes sur le bout du nez. Visiblement, il ne devait pas être très efficace pour balayer dans les coins (Casse Casse adorait grignoter les miettes de repas oubliées). Mais il savait parler l'anglais, et Starshine put entamer la conversation (impossible de demander à Casse Casse d'apprendre quoi que ce soit de scolaire, il dépendait donc entièrement d'elle)(sauf quand il s'agissait de parier dans les combats de coqs, allez comprendre comment il se débrouillait?)
     "Vous êtes des amis du Grand Chat Gris?" demanda le vieillard, "pas tout à fait, répondit Starshine, disons plutôt qu'une de nos amis chers le recherche, vous l'avez donc rencontré?" Le vieil homme tira la chaise de sous le bureau, il tira un paquet de tabac usé de sa poche, et roula habilement une cigarette qu'il alluma voluptueusement. L'odeur du tabac irrita les narines de Starshine qui n'en montra poliment pourtant rien.
- Oh cela fait si longtemps!" reprit- il en passant sa main sur le bureau comme pour en ôter la poussière.

"Il est resté ici quelque temps". Le vieux sourit, plissant davantage les yeux, ce qui accentua encore la multitude de rides qui se creusait au coin de ses yeux.

     "On se chamaillait beaucoup, lui et moi, il prenait tellement de place sur mon bureau, dès qu'un rayon de soleil frappait les journaux, il se roulait dedans, je me souviens qu'il sursautait quand ma machine à écrire sonnait à la fin d'une ligne, et qu'il éternuait quand je fumais..." Starshine ne l'interrompait pas, elle savait que le chat n'était plus là, qu'ils ne le retrouveraient pas ici et qu'ils devraient repartir, que leur but n'était toujours pas atteint; mais cela lui plaisait d'écouter la voix craquelée de ce vieil homme, et comprenait bien ce que le Grand Gris avait pu aimer chez lui. Elle ne parlait pas non plus, de crainte que l'homme ne perde le fil de ses souvenirs. "Et puis un jour, une petite chatte du quartier lui a proposé de s'installer avec lui, et à partir de ce moment, il est devenu beaucoup plus morose, il a eu le mal du pays. Alors  il a pris un bateau, il est reparti." Starshine ne posa pas de questions sur ce que cette jeune chatte était devenue (les chats sont assez peu compassionnels j'ai remarqué) et Casse Casse ne comprenait rien. Il était allongé sous le bureau, jouant avec une boulette de poussière (j'allais dire "comme à la maison", mais après, vous croiriez que je ne fais jamais le ménage).

     Le vieil homme les raccompagna à l'entrée du journal, en traînant ses pieds fatigués; et les chats revinrent à la maison, après avoir prévenu qu'il fallait remplir le frigo et acheter du pâté.

     Ils s'étalèrent dans le canapé, (en me réclamant une petite collation que je ferais mine d'oublier de préparer) après avoir poussé le gros Lucien qui ronflait sans regarder les résultats du loto. Et quand ils m'eurent tout raconté, Starshine soupira à l'idée d'aller voir Mam'Lala. Elle était fatiguée (le décalage horaire!) et posa son regard envieux sur Lucien qui bavait sur les coussins que je venais de laver (heureusement que j'ai la présence d'esprit de ne RIEN repasser par dessus le marché!)

     Et c'est là qu'elle vit le coussinet coupé en deux.

     Casse Casse, qui écoutait attentivement les pronostics de la prochaine course de Vincennes, sentit qu'il devait se passer quelque chose, puisqu'il se retourna. Il comprit aussitôt lorsqu'il vit enfin cette séquelle d'une bataille mémorable contre des mouettes, que personne n'avait jamais remarquée auparavant. Il faut dire, qu'on ne le voyait pas beaucoup marcher Lucien, et il était tellement gras qu'on n'avait jamais vu qu'il boitait!

     Starshine et Casse Casse se regardèrent et une même question se lut dans leurs yeux:

     "Mais qu'est- ce qu'on va bien pouvoir raconter à Mam'Lala?"

    

19 mai 2009

au café

     Le gamin, qui était rentré, avait été très intrigué par les animaux qui discutaient. Il s'était donc approché de leur table, tandis qu'ils imaginaient le grand chat gris, perdu en mer, s'embarquant à bord d'un pétrolier et mourant d'ennui sur une plate- forme pétrolière, ou dans un élevage de saumons, fomentant un plan pour les laisser s'échapper pour reprendre une course migratoire folle...

     Quand le petit eut compris leur sujet de conversation, il dit très sérieusement: "Mais moi je sais où il est allé". Tous se tournèrent vers lui, se demandant s'il était dans ses habitudes de répéter des histoires de marins saouls pour intéresser d'autres marins saouls. Mais ils remarquèrent son air très assuré, ses lèvres pincés. Il se dressait bien droit pour affronter l'examen des trois adultes qui en avaient vu d'autres, puis il s'engouffra dans un escalier, qu'il monta, et reparut quelques minutes plus tard, un énorme cahier d'écolier déformé par de multiples collages et gribouillages.

     Quand il l'ouvrit sur la table, qu'on débarrassa pour lui faire place, tous comprirent qu'il disait vrai: cet enfant avait suivi le chat, semaine après semaine, mois après mois, d'un port à l'autre, d'un journal britannique à une coupure de presse graisseuse brésilienne, d'un reportage new yorkais à une photo floue birmane. Il avait tracé sur une grande carte le trajet infernal du chat, qui avait sillonné toutes les mers, navigué sur tous les océans, franchi tous les détroits à la poursuite de ces poissons voyageurs et fait un séjour à Durban pour le sardine run, comme tous auraient pu s'y attendre. "Mais comment as- tu pu réunir autant d'informations de tant d'endroits dans le monde? "demanda Natacha, émerveillée. "Il passe beaucoup de monde par ici", répondit l'enfant, "et les habitués ("les poivrots" pensa Starshine sans en rien montrer) commencent à découper les articles pour moi". Casse Casse pensa "c'est pour ça que ce gros cahier sent un peu le poisson". Contrairement à Starshine, dont il ne partageait pas la réserve, il eut envie de partager sa réflexion, mais il n'en eut pas le temps, car Jan reprenait: "Son voyage s'est arrêté net il y a deux ans". A Singapour exactement. Casse Casse faillit s'évanouir en pensant qu'ils devraient s'y rendre.

     Le soir tombait, et les clients commençaient à affluer. Natacha pensait rentrer mais s'était finalement laissé convaincre de prendre un verre. On avait allumé les lumières, Django Reinhardt jouait, on mangeait des petits anchois farcis. "Drôle d'idée de mettre des poivrons là dedans" pensa Casse Casse, tandis que Starshine lui conseillait de s'en contenter, puisque Jules les leur avait offerts (Il ignorait encore à ce moment là que Casse Casse était parvenu à attraper un petit maquereau malgré sa vigilance!). Ils décidèrent alors de laisser de côté les pensées qui les préoccupaient (et surtout la principale question qui consistait à décider s'il valait mieux prendre un bateau qui les rendraient malades ou rester enfermés dans la soute glaciale d'un avion qui risquait à tout moment de plonger dans l'Océan par dessus le marché(quoi qu'en disent les statistiques, et tout ça pour retrouver ce fêlé de chat gris). Ils choisirent plutôt de profiter de l'ambiance chaleureuse qui montait dans le café au fur et à mesure que les verres de bière se vidaient. Natacha était charmante et discutait avec tous, s'inventant des souvenirs pour l'un, dansant avec un autre, écoutant les commentaires des marins qui lui conseillaient plutôt telle ou telle destination pour des voyages qu'elle faisait semblant de prévoir un jour. Les chats évoluaient parmi les buveurs, Casse Casse écoutait les vantardises, s'inventait des aventures que des marins crédules écoutaient, tandis que Starshine ronronna toute la soirée sur un coin de la table près de Jan dont elle aimait sentir la chaleur, l'odeur et entendre rouler l'accent. Elle se sentait dans ce café comme chez nous, quand elle n'était encore qu'un petit chaton, bien au chaud au creux de nos reins, sur les couvertures, alors que l'orage grondait dehors et que la pluie glaçait les passants. C'est la nostalgie de ces moments avec nous qui la poussa à m'appeler.

7 janvier 2008

sur le port

    Joe se leva:
    "Tu viens au café du port? On pourra en apprendre davantage, j'ai entendu dire que des hollandais bavards étaient arrivés hier soir, on va leur demander s'ils savent quelque chose sur ton chat". Il lanca par dessus son épaule, tout en remontant sur le quai , "Jules, ton filet est foutu, 'faut que t'en rachètes un autre. Je vais au café, tu veux que je t'envoie le môme avec un truc chaud à boire?
- Oui, répondit une voix lasse, et envoie aussi un chocolat chaud pour Kevin qui va devoir déméler tes noeuds dans mon filet"
Natacha s'apprêtait à les suivre lorsque Jules la rappela: "ah, tiens, prends ce voleur sous ton bras, il me rendra fou, en désignant Casse Casse. Ce dernier fit semblant de ne pas entendre, se gratta derrière l'oreille et sauta pour rejoindre Starshine et Joe.
    Tandis qu'ils s'éloignaient, Jules grommelait "j'ten foutrais des "il est fichu" moi"
    Arrivés au bar, tandis que Joe serrait la main du serveur et commandait, tous les autres s'installaient à une table au fond de la salle. Quand ils furent servis, Joe demanda si les hollandais étaient déjà repartis. Le serveur rit en posant des boissons chaudes sur un plateau qu'un enfant porterait sur le bateau de Jules: "ah, ça m'étonnerait, ils ont passé une soirée arrosée, et m'est avis que les flics n'avaient pas envie de les relâcher trop vite... ah, ben faut croire qu'ils sont moins rancuniers que je pensais, voilà Jan".
    Un grand blond avec une barbe entra à son tour, suivi de son grand chien noir. Les chats crachèrent un peu par principe, mais en réalité ils n'ont rien contre les chiens. Souvent, ils trouvent qu'ils articulent mal et qu'ils ont peu de sens de la répartie, mais dans l'ensemble, même s'ils sont assez ennuyeux, on peut compter sur ces animaux, ils sont assez fiables. Ce grand chien, en tout cas, avec ses grands yeux jaunes presqu' humains, leur inspirait confiance et Casse Casse descendit pour aller le renifler.

    Joe invita le nouveau venu à leur table "je vous cherchais, mais j'avais peur que vous soyiez déjà repartis...

- Hm, ce serait le cas si notre client était au rendez vous, mais ça n'est rien, on aura une journée de retard sur notre programme; l'avantage du gravier, c'est que ça ne pourrit pas. Chef! Donne moi donc une bière!" dit il de sa voix grave, sans quitter des yeux la blonde Natacha qui faisait comme si elle ne s'était pas encore aperçu de sa présence.

Le serveur la lui apporta tout en l'interrogeant "Je ne voudrais pas t'empêcher de faire tourner mon commerce, mais tu crois que c'est sérieux de prendre une bière après la soirée que tu as passée?

- Jan sourit et reprit "moi, c'est quand je suis à quai que ça tangue, la bière ça rééquilibre tout et ça m'empêche d'être malade."

Casse Casse monta alors sur la table et s'écria: "Le grand gris, ils l'ont vu il y a quelques années!" Tous se tournèrent alors vers le chien qui les regardait, sa grande langue rose pendante, secouant la queue, heureux d'avoir pu se rendre utile. Starshine s'approcha de Jan: "Et quand l'avez vous pris sur votre bateau?

- Vous parlez du chat gris? Il n'est pas venu sur cette péniche- là (ce disant, il pointait cette dernière du doigt) Mais quand je travaillais sur le thonnier "Blondie", Rolf l'avait déniché, par hasard, dans les cales, à moitié amoché.

- Que lui était il arrivé? demanda Natacha, enfin intéressée par le marin

- Je n'ai jamais su exactement, une histoire de bagarre avec des mouettes, pour un poisson j'imagine." 


Un grognement à peine articulé se fit entendre, mais seuls Jan et les chats semblaient avoir compris, c'est pourquoi Starshine dut expliquer à voix haute: "Il a dit que ça n'avait pas été facile de le nettoyer et de désinfecter ses paies (elle eut un sourire entendu et tous ceux qui ont essayé un jour de soigner un chat comprendront pourquoi) mais qu'il avait ensuite vite récupéré, même s'il boitait toujours en arrivant au Brésil, il a dû en garder un coussinet coupé en deux. (Les chats grimacèrent à cette évocation)

- Ouaip, ils s'entendaient bien, Rolf et lui, ils dormaient même tous les deux avec moi, sur ma minuscule couchette. C'était un drôle de chat, il passait son temps dans la cabine, avec le pilote, planté devant le radar, et il bondissait sur le pont dès qu'on croisait un banc de poissons. Il voulait que je lui explique tout ce que je savais des migrations des lieus, des maquereaux ou des sardines. Il fallait tout le temps répéter les mêmes choses, parce qu'il ne comprenait rien aux cartes maritimes,et il voulait tout retenir. Il aurait sûrement été intéressé par les essais de reproduction en captivité des esturgeons en Gironde, mais je ne suis pas sûr qu'il soit encore vivant. Il est peut- être tombé à l'eau depuis le temps qu'il nargue les poissons qui sautent à côté des bateaux..."             

28 décembre 2007

les marins

     Alors qu'ils se chamaillaient parce que Starshine ne voulait pas se compromettre en grignotant un morceau dans une poubelle malodorante qui faisait de l'oeil à Casse Casse, ils croisèrent Natacha. 

     Casse Casse la connaissait depuis qu'elle était arrivée en France, seule avec sa volonté de fer de s'en sortir et sa dette encore plus solide. Elle avait peu à peu appris à maîtriser le français mais elle aimait lire des romans de Pouchkine à haute voix, en russe, à Casse Casse qui dégustait les accents de cette langue à laquelle il n'entendait mot. Elle était devenue une fille de petite vertu (une expression qu'elle trouvait très poétique malgré tout), mais vivait dans une petite chambre de bonne dans une rue un peu plus loin. Elle leur proposa de venir se réchauffer chez elle, ce qu'ils acceptèrent. Ce n'était pas la première fois que Casse Casse venait là et il se sentait bien dans cette petite pièce rose où chauffait un samovar. Ils ne burent pas de thé (ils prirent garde de ne pas vexer Natacha en ne montrant pas leur dégoût pour une telle boisson)mais ne purent s'empêcher de miauler pour réclamer du thon en boîte (le thon ça les rend dingues), qu'elle leur offrit volontiers en bavardant.

     Starshine remarqua la photo d'un militaire et Natacha leur parla de son fiancé qui n'avait pas encore pu venir avec elle avant d'avoir terminé son long service militaire. Un jour il la rejoindrait, il trouverait un travail honnête et ils pourraient vivre heureux ensemble. Peut- être même pourrait- elle continuer les études de droit qu'elle avait commencées en Russie pour devenir avocate comme elle en rêvait? En attendant, elle lui écrivait chaque jour, lui décrivait la ville, ses habitants, leurs habitudes. Elle mentait bien un peu en lui parlant de son travail car elle se disait vendeuse dans une petite boulangerie de son quartier, et elle racontait les clients fidèles, les collègues, les ennuis de santé du patissier ou les farces dque lui faisaient les enfants du patron. Elle se promit de lui décrire la visite de ses amis chats. D'ailleurs il lui semblait, après que les deux chats eurent terminé d'expliquer ce qu'ils cherchaient, que son Piotr avait un ami d'enfance qui était entré dans la marine. Elle demanderait s'ils étaient toujours en contact et s'il n'avait pas entendu parler du chat gris.   

Lorsqu'elle eut bu une quantité impressionnante de thé et que les chats eurent soigneusement léché leur assiette et nettoyé leurs moustaches, elle se proposa de les accompagner au port, ce qu'ils acceptèrent avec plaisir, bien qu'ils se devaient de montrer une retenue exemplaire, inhérente à leur condition de chat. Ils aimaient le bavardage incessant de Natacha et elle aimait certainement autant qu'eux arpenter le port, bien qu'ils n'étaient pas animés des mêmes motivations. Les pêcheurs connaissaient bien Natacha et elle les laissait flirter avec elle. Ils reconnurent aussi les deux chats et saluèrent Starshine qui fréquentait les soirées huppées sur certains yachts mais qui venait toujours les saluer en se tenant bien sage et patiente lorsqu'ils triaient le poisson frais. En revanche, ils se méfiaient de Casse Casse qui ne se gênait pas pour voler dès que l'occasion s'en présentait.

Starshine sauta sur le pont et s'assit sur un sac imperméable pour surveiller le filet qui s'enroulait.

"Alors Starshine", commença Jules, le propriétaire du bateau, tout en surveillant Casse Casse du coin de l'oeil,"on vient contrôler la pêche de cette nuit?"

Starshine se lécha une patte et répondit:

"non, Jules, on est en mission recommandée, on cherche un chat...

- Ah, en ce moment, on en voit traîner pas mal par ici, mais la plupart du temps, ils sont plutôt mal vus, ils ne savent plus très bien parler, n'articulent pas, on dirait des chiens, ils ne demandent pas poliment" il se tourna vers Casse Casse qui fit mine de ne pas prendre l'insulte pour lui. "A quoi il ressemble celui que tu cherches?"

- C'est un grand chat gris, il suit les bancs de poissons, tu ne l'as jamais pris à ton bord par hasard?

- Non, mais ça me dit quelque chose. Quelqu'un dans le port l'a déjà embarqué, mais ça fait longtemps, demande à Joe s'il s'en souvient". Jules se pencha vers elle et murmura malicieusement "ça le distraira, il s'ennuie parfois à faire semblant de réparer les filets derrière la cabine!".

Joe était un vieil ami de Jules. A terre, il était aussi inserviable qu'un poisson hors de l'eau, lent et empoté, en revanche, on aurait pu croire qu'il avait en tête un plan de toutes les mers. Il avait l'instinct des océans et pouvait prédire leur humeur tout comme s'ils lui parlait. Il savait même parfois trouver les poissons aussi sûrement qu'un radar et avait une fois détourné la route du bateau pour recueillir deux naufragés . C'est pourquoi Jules l'embauchait sur son bateau et tolérait qu'il ne serve à rien à quai. Effectivement, Starshine le trouva occupé à fumer, le regard sur la mer.

"Bonjour Joe, Jules m'a dit que tu connaissais peut- être un gars qui aurait emmené un grand chat gris en mer.

-Ah, Starshine, tu parles de ce chat cinglé de harengs? ça fait longtemps que je n'ai plus entendu parler de lui, à mon avis, il n'est plus de ce côté ci du globe depuis un moment". Starshine s'alarma. Il était pour elle hors de question de voyager sur un bateau de pêche, même si les avantages en matière de gastronomie étaient indéniables comparé à l'avion. C'est alors qu'elle prit conscience qu'elle devrait sûrement passer d'un continent à l'autre, et cette idée la fit frémir, car elle n'aimait pas tellement prendre l'avion, d'abord à cause du décalage horaire mais surtout du voyage en soute, dans une caisse, parmi d'autres animaux souvent effrayés et hurlant, ce qu'elle ne supportait pas. Elle avait même entendu des histoires d'horreur concernant des chats mis en quarantaine, mais elle se disait que c'était une légende urbaine, au même titre que les mentos dans le coca.

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9 décembre 2007

le départ

   

    Le lendemain, Starshine et Casse Casse n'avait pas préparé leurs bagages. Cela n'avait aucune importance car un chat n'a pas besoin de ses affaires de toilette puisqu'il porte toujours sa langue sur lui, ni de vêtements, car Starshine s'était résignée à ne porter que son petit collier en émeraudes pendant toute la durée de ses recherches. Elle avait d'ailleurs précisé: " Ovide a dit: "c'est l'élégance simple qui nous charme"". Tout le monde s'était retenu de rire, sauf Lucien qui ne comprenanit pas l'ironie, et Starshine, bien entendu, qui parlait très sérieusement.

    Lorsqu'ils furent dans la rue, ils se dirigèrent vers le centre ville où se trouvaient les bureaux des grands investisseurs.

    Au pied d'un grand immeuble tout en verre, Starshine salua le gardien qui la reconnut, et monta dans l'ascenseur avec Casse Casse qui roulait les épaules en marchant pour bien signifier qu'il n'était pas impressionné par le décor froid mais imposant de l'accueil.

    Arrivés au dernier étage, les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur un bureau qui semblait plus grand encore que le rez de chaussée. Sur les murs, des photographies, certainement originales, représentaient des voliers fins qui fendaient les flots; des vagues qui s'écrasaient contre des falaises... On trouvait aussi quelques photos de chevaux de courses, semblant poser aux côtés de leur jockey. Casse Casse ne pouvait s'empêcher de mépriser ces animaux, bien qu'il eût fréquenté ce milieu avec l'un de ses amis qui s'était spécialisé en produits dopants.

    Un homme imposant s'approcha d'eux et leur tendit la main. Starshine le laissa caresser son front en ronronnant, mais Casse Casse l'ignora et sauta sur le bureau en regardant par la fenêtre qui donnait sur la vieille ville. Il remarqua qu'il y avait plus de jardins cachés derrière les maisons qu'on ne l'aurait cru. L'homme sonna sur un interphone et lorsqu'une jeune femme entra, il lui demanda de leur apporter un café et deux écuelles de lait. Elle ouvrit des yeux ronds mais ne fit pas de commentaires et sortit.

    "Alors Starshine, tu as réfléchi à ma proposition? Tu vas adorer rencontrer Loulou Dessprès, elle est adorable, tu verras" Casse Casse tourna les yeux vers eux (il était curieux et ne pouvait jamais tenir très longtemps son attitude de chat dédaigneux), Starshine ne nous avait pas parlé de ça.

    "Non, Jean Loup, je n'ai pas envie de faire de cinéma, ça ne me dit rien de défrayer la chronique "Starshine parle t- elle ou n'est- ce qu'une vulgaire marionnette?". Ma vie me convient tout à fait ainsi.

    - Hmm, je comprends, quelquefois, je rêve aussi d'une vie simple, à la campagne, loin de tous ces tracas..." Casse Casse pensa qu'une vie d'agriculteur qui se lève tôt tous les matins pour une vie de misère ne devait pas exactement correspondre à l'idée qu'il se faisait de la vie simple à la campagne. " Alors que veux tu exactement?" A ce moment là, la secrétaire apporta un plateau avec les soucoupes de lait et le café "Ah, Michelle, vous avez été longue!"

    - Oui, Monsieur, il a été difficile de convaincre le cafetier que je commandais VRAIMENT deux écuelles de lait..." Elle posa le plateau sur le bureau et ne put s'empêcher de jeter un regard sur Starshine et, sembla t-il, sur son petit collier précieux. La chatte ne put éviter de lui renvoyer un regard méprisant.

    - Tu comprends maintenant ce que je voulais te dire, Jean Loup?

Ce dernier acquiesca en regardant Michelle sortir.

    " Non, reprit Starshine, je viens en fait parce que je sais que tu aimes les bateaux et que tu as des contacts avec les navigateurs..." Elle lapa un peu de lait en plissant les yeux. Casse Casse s'était, quant à lui, jeté sur son lait sans retenue, sans plus chercher à remplir son rôle de chat sulfureux; le lait le rendait dingue. "Je cherche un grand chat gris qui navigue, parce qu'il aime suivre les bancs de poissons. Peut-être l'un de tes navigateurs en a t-il entendu parler?   

     - Un chat marin? ça ne me dit rien, pourtant, tu as raison, ça ne peut pas passer inaperçu... Je vais appeler mon chasseur de têtes, il passe son temps à discuter avec les navigateurs solitaires, je ne sais pas comment il peut s'entendre avec eux, d'imaginer rester seul des mois durant dans trois mètres carrés sans pouvoir aller au resto, ça, je comprends pas... Lui, il saura, écoute je vais lui demander, je te rappelle, tu as toujours le même numéro?" Starshine confirma, et ils partirent. Quand ils furent sortis, et que Casse Casse eut craché sur la secrétaire en passant devant elle, celui ci demanda à Starshine "tu es sûre que ton gus peut vraiment nous aider? Il n'y connait rien, tu as bien vu! Starshine ne répondit rien, elle savait qu'il râlait facilement au lieu de montrer son découragement. "Viens, on va plutôt aller voir MES relations". Ils se rendirent dans un quartier où les bars puaient le souffre et le fric malhonnête. Casse Casse n'était pas vraiment sûr de trouver des informations, surtout en cette fin de matinée, mais il pensait surtout faire quelques affaires. Là bas, il était connu, hmm, comme le loup blanc.

25 novembre 2007

Chez Mam'Lala

     Starshine avait plus l'habitude de s'asseoir dans les fauteuils de Mam'Lala pour se laisser bercer par sa petite voix chantante que pour s'entendre prédire quoi que ce soit.  Au fond, Starshine n'avait pas tellement envie de savoir ce qui l'attendait. Elle avait même souvent l'habitude de dire qu'elle n'aimerait pas connaître à l'avance les coups durs qui l'attendraient, - puisqu'elle ne pourrait de toute façon pas les éviter-, ni les bonnes surprises qui lui arriveraient -eh! sinon, ce ne serait plus une surprise-.

    Mam'Lala, ne l'ignorait pas, en bonne voyante qui savait percevoir l'état d'esprit de ses clients, et elle lui racontait n'importe quoi, même si l'avenir de Starshine lui était parfaitement limpide. Mais ce que Mam'Lala préférait en Starshine,  c'est qu'à son tour, elle pouvait espérer une écoute attentive et des conseils judicieux. Je l'ai déjà dit, mais Mam'Lala était VRAIMENT incapable de prendre les bonnes décisions pour elle même et agissait souvent en dépit du bon sens.

    Starshine sut immédiatement, lorsqu'elle arriva chez Mam'Lala le jour de son anniversaire, que cette dernière avait des choses importantes à lui confier. Effectivement, elle observa les cartes distraitement, et lui dit:

    "Bon, c'est très rare que je dise ça, mais pour toi, cette année ne sera pas très riche en nouveautés, il ne t'arrivera rien de très spécial". Starshine n'insista pas, elle s'en fichait de toute façon. Elle attendit patiemment que Mam'Lala eut rangé ses cartes, et qu'elle reprit la parole. "Ecoute Starshine, tu sais que je ne sais pas lire mon propre avenir", Starshine inclina la tête, elle n'ajouta rien, elles savaient très bien toutes deux ce que cela impliquait. Mam'Lala inspira et continua:"Depuis que Mac Cullian s'est installé avec la balinaise du coin de la rue, j'ai beaucoup réfléchi. Tu sais, la meilleure période de ma vie, ça a été quand le grand Gris était avec moi". Starshine ne dit rien, elle ne voulait surtout pas avoir à dire que c'était parce qu'ils s'entendaient si bien qu'ils en oubliaient de surveiller leurs deux chatons, qui étaient morts ou disparus. Mam'Lala ne se l'était jamais pardonné, et outre la passion du chat pour les voyages sur l'Océan, c'était une des raisons qui avaient précipité la fuite du grand Gris.

    "Aujourd'hui, souffla t-elle dans un murmure, je voudrais le revoir". Starshine ne montra pas qu'elle était sceptique. Le grand Gris devait vivre sur une île déserte, avec une chatte et tous leurs chatons. A moins qu'il ait disparu en mer, dans une grande vague bleue. Starshine frissonna, elle n'aime pas l'eau, contrairement à Casse Casse qui adore se rouler dans l'eau javellisée quand j'ai serpillé le sol de la cuisine. "Et j'aimerais que ce soit toi qui me rendes ce service. Cherche- le pour moi.

- Mais où veux- tu que je le cherche?

- Ah, ça Starshine, je n'en sais rien, mes cartes ne me sont d'aucun secours, saloperies.

- Mais pourquoi penses- tu que j'ai plus de chances que toi pour le trouver?

- Tu connais plein de monde, tes amis sont influents, tu dois bien connaître des mecs qui placent leurs billes dans les courses de voiliers, ou qui possèdent des yachts, ils ont peut- être entendu parler du grand Gris; ça n'a pas pu passer inaperçu, un chat qui se balade sur la flotte à la poursuite des harengs." Starshine soupira: "je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, il doit s'être rangé, et ce n'est pas évident qu'il ait envie de te revoir, tu sais. Et pourquoi tu ne demandes pas d'aide à un collègue?"

    Mam'Lala s'alluma une cigarette -une vieille habitude dont elle n'avait jamais essayé de se débarrasser- et ses yeux se perdirent au loin. "Pff, des charlatans! La dernière que j'ai vue -une fille que j'estimais pourtant- m'a prédit que j'attraperais une saloperie aux intestins."

    Starshine connaissait bien Mam'Lala, elle savait percevoir ses inquiétudes, derrière ses sarcasmes, et il lui semblait que c'était là la principale raison pour laquelle elle repensait à son passé, et cherchait tant à retrouver le grand Gris.

    Starshine donna deux coups de langue sur sa poitrine "écoute, je veux bien faire mon possible pour t'aider, mais je ne te garantis rien, je ne sais pas du tout si je trouverai des infos sur lui". Mam'Lala pencha la tête en arrière et plissa les yeux "merci". Starshine sut qu'elle était soulagée.

    Lorsqu'elle nous raconta ça, le soir même, alors qu'on mangeait le repas d'anniversaire que j'avais préparé selon ses instructions "Je veux du poisson et de la crème, beaucoup de poisson et énormément de crème. Et pas de légumes", Casse Casse s'écria qu'il voulait venir avec Starshine dans ses soirées pour enquêter. On savait bien que c'était pour élargir sa clientèle, mais on ne pouvait pas être sûr qu'il  ne s'agissait pas aussi de curiosité. Il n'avait pas beaucoup fréquenté le grand Gris, et peut-être le regrettait- il. La tête de Lucien tomba sur le côté (il signifiait par là qu'il ne voulait pas venir avec eux), et Starshine accepta la proposition de Casse Casse en léchant la crème que Lucien s'était barbouillé partout.


9 novembre 2007

Mam'Lala

    Lala fut une petite chatte qui manifesta dès son plus jeune âge des capacités de divination et de guérison qui laissaient son père, pourtant très rationnel, particulièrement pantois. Mais il adorait sa fille et respectait ses dons, même s'il ne comprenait pas, et il lui permis de les développer à son aise.

    Lala eut plusieurs compagnons mémorables, dont un chat gris qui ne pouvait s'empêcher de naviguer sur toutes les mers du monde pour suivre les bancs de poissons, et un matou du nom de Mac Cullian, pas très fréquentable, qui rackettait les chats du quartier pour nourrir leurs petits, puis, elle devint Mam'Lala.

    Elle s'était installée à son compte en tant que cartomancienne et ses clients la considéraient comme une référence dans sa profession. Elle en vivait d'ailleurs bien et ses clients sortaient généralement de chez elle avec la certitude de ce qu'il leur fallait faire.

    En revanche, elle même n'avait pas eu de chance, et elle avait perdu tous ses petits un à un. Seul Mac Cullian avait osé un jour évoquer l'ironie de son sort.

8 novembre 2007

Tous les ans, le jour de son anniversaire, Starshine va voir Mam' Lala

    Mam' Lala est une vieille chatte rousse. Sa mère était une persane qui avait été accueillie par une famille indienne qui possédait un petit restaurant. Ils vivaient dans l'appartement au dessus et lui avaient aménagé un petit coin sous le toit, avec un petit coussin au tissu autrefois vivement coloré et brodé de fils dorés mais qui s'était peu à peu usé, ne montrant plus de trace de broderie.
Un vasistas s'ouvrait sur les toits, et elle pouvait se promener dans le quartier où de nombreux habitants de diverses origines avaient aussi ouvert un petit commerce, une épicerie de produits exotiques, un magasin de divers cadeaux,  de tissus ou de vêtements orientaux... C'est sur ces toits qu'elle avait un soir rencontré un chat siamois, qui vivait avec son maître, un vieux monsieur chinois qui avait ouvert un magasin de meubles avec ses deux fils et leur famille. Instantanément, leur étrangeté mutuelle, s'était attirée.

    Elle n'eut plus qu'une envie dès qu'elle le vit: poser sa tête contre la poitrine couleur crème de ce siamois qui s'appelait Li Mao. Ensemble, ils parlaient peu. Ils aimaient regarder les gens passer dans la rue animée où l'on parlait de multiples langues, lui, de ses yeux bleus étirés qui semblaient poser de multiples questions sans attendre aucune réponse; elle, de ses grands yeux orange bordés de noir. Elle portait le nom d'une reine indienne, Lakshmî Bâî. Ils ne se quittaient presque plus, chacune de leur famille acceptant qu'ils choisissent où dormir ou se nourrir.
    Lakshmî Bâî était ce que l'on appelle un chat "mange- malheur". Elle sentait si quelqu'un était malade ou malheureux et restait sur son lit jusqu'à ce que la fièvre soit tombée ou que le chagrin soit passé. Li Mao restait pendant ce temps là avec elle, lisant des livres de philosophie taoïste. Lakshmî Bâî ne savait pas lire, mais elle aimait voir son compagnon, le nez légèrement plissé derrière ses petites lunettes à monture métallique, lisant une phrase, levant la tête pour y réfléchir, revenant en arrière dans le livre, suivant la ligne avec sa patte... Il ne lisait que des auteurs de philosophie chinoise. Il disait que les auteurs européens ne lui disaient rien. Quand il voulait apprendre à lire à Lakshmî Bâî , elle disait en souriant qu'à elle, c'était la lecture qui ne disait rien.

    Tous deux étaient tès appréciés dans leur quartier -pensez donc, un couple mixte que tous pouvaient admirer sans attiser de mauvais réflexes communautaires- et les restaurateurs leur donnaient souvent de petits restes: Andrea Korlopoulos les laissait lécher de petits bols ayant contenu du tarama, en leur racontant sa Mer Méditerranée et sa petite île, sur laquelle il retournerait bientôt; Igor Petrovitch Kariski se servait un petit verre et chantait une ballade mélancolique qui parlait sans aucun doute de steppes infinies, pendant qu'ils finissaient les oeufs battus avec le lait qui avaient servi à paner les boulettes de saumon aux pommes de terre; quant à Ahmed Azinamour, il leur jetait de petites bouchées de viande grillée prélevée sur la broche qui tournait, tout en leur lisant à voix haute les lettres de sa maman, pleines d'humour et de nostalgie, en réalité écrites par une voisine qui n'avait pas su lui annoncer la mort de sa mère.

    Li Mao et Lakshmî Bâî étaient très heureux et ils furent surpris de constater qu'ils pouvaient l'être encore plus lorsqu'ils eurent leur petite chatte Lala.

31 octobre 2007

Le boulanger

Lucien, quand il bouge, c'est pour aller rendre visite au voisin, le boulanger., la nuit.On dirait que ça lui plaît d'entendre les grandes pales du pétrin tourner, brasser la pâte à pain pendant des heures.

Je soupçonne aussi le boulanger, Monsieur Ricci, de lui raconter des histoires de quand il était petit en Italie. Lucien il sait pas que Monsieur Ricci il est né à Dijon et que quand il chante en italien, il comprend pas les paroles.

Lucien, ça le berce, il se réchauffe à la chaleur du four, il écoute parler Monsieur Ricci et il attend que la pâte lève.

On l'engueule un peu quand il rentre à la maison à l'heure où on se lève, parce qu'il a la flemme de trimbaler des croissants.

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